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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/196

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Un Vaincu.

sisté au départ des troupes. Elle nous répétait quelles recommandations impies des femmes mêmes osaient faire sans scrupule. — « Vengez-nous ! rendez-leur la pareille ! souvenez-vous ! » Tels étaient les conseils de la dernière heure. — « Et vous-même, lui demanda-t-on, que faisiez-vous ? — « D’abord, je fis comme les autres, avoua-t-elle, je prêchai la vengeance. J’avais été deux fois prisonnière des Yankees, insultée, volée par eux, il me semblait être dans mon droit, mais.… »

— « Mais quoi ? »

— « Mais j’entendis le général Lee réprimander devant moi un jeune homme qui avait parlé de « justes représailles ; » il dit en quelques mots ce que devait être la guerre de nos jours, il la compara à la coupure nette et franche d’une épée loyale, elle est un mal sans doute, mais un mal qui guérit, tandis que la guerre haineuse est comme ces plaies d’armes empoisonnées, elles ne pardonnent pas, et on ne les pardonne pas non plus. Cela m’a frappée, et j’ai supplié mes frères qui