Rappahannock, dont nous rencontrerons souvent les noms un peu barbares. Leurs rives sont citées comme fertiles dans cette Amérique qui semble la fertilité même ; couvertes jadis de forêts impénétrables, elles produisent maintenant en abondance le tabac et les céréales ; mais les îles éparses sur leur cours portent encore des érables séculaires, les collines ont gardé l’ombre épaisse d’autrefois : aucun pays n’allie mieux le pittoresque à la richesse.
C’est dans une vieille demeure située entre les deux fleuves, sur la lisière des bois conquis jadis par les colons anglais sur les peuplades indiennes, que naquit, le 19 janvier 1807, Robert-Édouard Lee. Sa famille était d’origine anglaise. Deux cents ans auparavant, un de ses ancêtres, envoyé par le roi Charles II pour gouverner la province de Virginie, s’était attaché au nouveau monde, et y avait fixé sa demeure définitive.
Ses fils et ses petits fils avaient tous eu le goût et le souci des affaires publiques. Ils comptaient parmi les chefs de l’aristocratie virginienne, et