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Un Vaincu.

dant il nous faut accorder un mot, une pensée, à l’un des derniers épisodes de cette bataille de trois jours.

Vers onze heures, alors que depuis le matin les forces des deux armées étaient aux prises, un silence, plus imposant encore que le bruit du combat, s’établit soudainement ; on devine qu’un grand coup se prépare.

En effet, Lee a réuni en un seul groupe cent quarante-cinq pièces de canon, leur feu convergera sur un même point, contre le centre de l’armée fédérale, et pendant que s’accomplira leur œuvre de destruction, les champions du Sud tenteront un suprême effort.

Tout à coup, la plus effroyable des canonnades rompt le silence. D’abord on ne songe qu’à elle, on ne distingue que les nuages blancs de la fumée qui planent, immobiles, au-dessus des canons, puis on voit s’avancer au pas de charge un corps entier des meilleures troupes de Lee, de ses vieux compagnons éprouvés. Ils avaient plus d’un kilomètre à parcourir sous le feu de l’ennemi avant d’atteindre les positions fédéra-