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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/213

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Un Vaincu.

encore temps, si son fils vivait encore. C’est avec cette angoisse de père, jointe aux responsabilités d’un commandant en chef, que le général Lee passa ces sept longs jours d’attente, au bord du fleuve débordé. Malgré cette agonie morale, il ne perdit pas un instant[1]. Des retranchements de terre s’élevèrent de toutes parts, s’augmentèrent tous les jours et couvrirent l’armée affaiblie. L’occasion semblait tellement propice aux Fédéraux, qu’on ne doutait pas qu’ils n’en profitassent. À tout moment il fallait s’attendre à l’attaque.

Soigneux de maintenir le moral de l’armée en face d’une situation qui pouvait aisément devenir désespérée, le général s’adressait ainsi, le 11 juillet, à ses troupes :

  1. « Ferme sous ce fardeau d’épreuves et publiques et privées, Lee ne perdit jamais le calme jugement dont dépendait son armée, ni cette inaltérable douceur de caractère qui le rendait l’idole de tous ceux qui l’entouraient. » — Campaign in Virginia etc… By C. C. Chesney, Royal Engineers.