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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/222

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Un Vaincu.

et exposer à tous les dangers de l’isolement les régiments dont la concentration affamerait la contrée. On demande au Sud, aux États alliés, du blé, du pain…, rien n’arrive. Le tabac remplit les fermes, les balles de coton pourrissent sous les hangars, et la Virginie meurt de faim !

Par le froid rigoureux, sous les baraques de leurs campements, les Sudistes sont réduits à des rations insuffisantes même pour des soldats assiégés : quatre onces de lard et une poignée de farine de maïs. Le général partage toutes les privations de ses hommes. Son ordinaire est, avec une galette de maïs, un chou bouilli dans l’eau salée ; il ne mange de la viande que deux fois par semaine.

Quelques personnages distingués vinrent, à la suite d’une inspection, dîner au quartier général. Ce n’était pas un jour où la viande dût paraître, mais Lee ordonna à son domestique de s’en procurer à tout prix, afin de relever le menu habituel. En effet, l’heure du dîner arrivée, on vit apporter au milieu des convives un large plat de choux orné au centre d’un très-petit morceau de