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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/226

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Un Vaincu.

ment estimable. C’est une gloire pour un pays que de croire qu’un tel caractère peut exister et de l’honorer quand il l’a reconnu.

On connaissait le général pour un tacticien de premier ordre, on admirait son intrépidité calme et l’absence de toute forfanterie dans le plus brillant courage ; mais ce qu’on aimait davantage encore en lui, c’était l’homme privé, le cœur généreux et tendre qui, passionné pour sa famille, avait su l’offrir à la patrie, et qui de même, en dépit de sa sollicitude pour ses soldats, mettait, au jour du danger, leur honneur à plus haut prix que leur vie.

Enfin, si le peuple du Nord avait su apprécier en Lincoln un homme de foi, celui du Sud savait vénérer en Lee un chrétien digne de ce nom. Il y a dans les convictions sincères, fortes et cependant modestes, une puissance de vérité qui s’impose. Lee était de ceux qui parlent peu, même de ce qui leur remplit le cœur, et dont les sentiments concentrés conservent toute leur énergie. Quand le mot devoir s’échappait de ses lèvres, on savait que