Aller au contenu

Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


204
Un Vaincu.

Tandis que le général Sherman, l’habile vainqueur de l’Ouest, se préparait à percer depuis le Mississipi jusqu’aux rivages de l’Atlantique, pour remonter de là vers la Virginie à travers la Géorgie et la Caroline du Nord ; une autre armée, celle du général Butler, s’avançait à l’est, le long du James-River, puis, grâce à ses canonnières maîtresses du cours du fleuve, elle s’emparait de la presqu’île de Bermuda, au cœur de la Virginie, à vingt kilomètres seulement de Richmond, et s’y fortifiait.

Mais l’adversaire le plus redoutable allait être encore le général Grant, avec la puissante armée du Potomac, forte à elle seule de cent quarante-huit mille soldats. Menaçant au nord les cinquante-deux mille hommes, dernier espoir des États du Sud, que le général Lee rassemblait à grand’peine pour lui opposer, Grant annonçait déjà quel serait son plan dans cette campagne dont il voulait faire la dernière de la guerre. « J’userai les forces de Lee avant qu’il n’use les miennes » disait-il, en homme qui a conscience de ses immenses ressources.