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Un Vaincu.

de combats acharnés. Les corps isolés subirent des fortunes diverses, mais la ferme attitude des troupes, dans les deux camps, resta la même ; les adversaires étaient dignes les uns des autres.

Il y eut, parmi les Sudistes, un seul et court moment de désordre. C’était au début de la seconde journée, les Fédéraux faisaient converger sur un seul point, sur le centre même des Confédérés, le feu de toute leur artillerie. Lee s’aperçut d’une sorte d’ébranlement dans la brigade du Texas que labourait le canon, un moment de faiblesse pouvait compromettre toute l’armée.

Reformant lui-même les Texiens, et ôtant son chapeau pour être mieux reconnu, il s’élança à leur tête. Les branches fauchées par la mitraille pleuvaient sur le vieux guerrier tandis que l’œil en feu, il montrait l’ennemi de son épée, mais un cri sortit de toutes les poitrines : « Lee à l’arrière ! Lee à l’arrière !… Nous irons bien tout seuls !… » Et ceux des Texiens qui se trouvaient le plus près de lui l’entourèrent, le suppliant de se retirer et lui jurant de reprendre le terrain perdu. « Nous