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Un Vaincu.

Le 3 juin, les Confédérés reçurent le choc d’une armée trois fois plus nombreuse, mais leurs positions, naturellement excellentes, avaient été rendues inexpugnables à l’aide de simples ouvrages de terre, habilement conçus. Abrités, les Sudistes échappaient au feu de l’ennemi, tandis qu’aucun de leurs coups n’était perdu. Ce fut une effroyable boucherie, telle que le cœur manque à la décrire. Le premier coup de canon avait été tiré à dix heures et demie. À midi, en moins de deux heures, treize mille Nordistes avaient succombé, et un si effroyable succès ne coûtait aux Sudistes que douze cents hommes !

Le général Grant n’en décida pas moins de renouveler l’attaque. Les chefs de corps transmirent l’ordre, les soldats, convaincus de l’inutilité de leurs efforts, refusèrent d’obéir.

Contraint à la retraite, Grant alla joindre l’armée de Butler. Il avait annoncé, en commençant la campagne, qu’il écraserait son ennemi à coups d’hommes, et les hommes se dérobaient au sacrifice ! Le triomphe de Lee était celui de l’art militaire sur le nombre et la force.