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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/310

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Un Vaincu.

Le président hasarda une question personnelle :

« Avez-vous prêté au gouvernement confédéré un serment de fidélité ? Vous êtes libre de ne pas répondre. »

Lee n’hésita pas un instant :

« Je ne me rappelle pas l’avoir fait, répondit-il ; mais si l’on m’eût demandé ce serment, je l’eusse prêté certainement. »

Enfin, le général fut libre de rentrer dans ses foyers. Toutes les villes qu’il traversa se pavoisèrent sur son passage, comme si les habitants cherchaient à adoucir pour lui, par les témoignages de leur attachement, les douloureuses émotions du procès dans lequel il venait de paraître.

Cependant, si l’énergie morale du vieux chef subsistait, sa robuste santé semblait vaincue. Un cœur d’homme ne peut supporter tant d’émotions, contenir tant d’ardeur, éprouver de telles deceptions, sans user sa force et finir par se briser sous l’effort.

Trompés par sa muette résignation, ses amis