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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/36

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Un Vaincu.

Il considérait que sa soirée appartenait à ses enfants, et même lorsqu’un travail pressé devait l’obliger à passer la nuit pour l’achever, il ne songeait pas à abréger leur plaisir. Faits de guerre ou expériences de voyage, belles actions dites avec enthousiasme, gais propos auxquels répondaient les éclats de rire, remplissaient les heureuses soirées d’Arlington.

Parfois un écolier avouait qu’une tâche n’avait pas été terminée ; alors les livres et les cahiers apparaissaient sur la table commune. C’était encore le capitaine qui levait les difficultés, puis, les leçons sues et les devoirs achevés, on revenait aux récits habituels.

De bonne heure, le capitaine Lee avait pris au sérieux sa responsabilité d’éducateur. Son fils aîné, Custis, le suivit un jour d’hiver dans une longue promenade à travers la neige. Il avait sa main dans celle de son père, mais peu à peu cette main glissa, et l’enfant resta en arrière. Au bout de quelques instants, le capitaine se retourna et vit Custis qui, bien droit, la tête haute, essayait d’imiter tous ses mouvements. L’enfant