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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/41

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Un Vaincu.

céan, puis le long des fleuves, les pionniers s’avancèrent à mesure que s’augmenta leur nombre jusqu’au cœur du pays. Partout où pénétraient les hommes blancs, partout où leur hache ouvrait dans les forêts jusque-là vierges, de larges clairières bientôt ensemencées, les tribus faibles et pourtant féroces des Peaux-Rouges, divisées entre elles, incapables de s’unir même pour leur défense, étaient fatalement condamnées à disparaître. Ce qu’il a coulé de sang dans ces luttes obscures, nul ne le sait ; des deux parts on combattait pour la défense de la vie, et il semble que l’Indien immolé devant le tombeau de ses pères, l’Européen scalpé sur le seuil de la demeure qu’il élevait pour ses enfants, ont droit à la même pitié.

Les victoires successives que les colons durent surtout à leur armement supérieur, leur assurèrent la possession du sol, et les sauvages se trouvèrent relégués dans les dernières solitudes du Far-West. Les débris de leurs tribus diverses, confondus dans un malheur commun, formèrent une sorte de nation misérable, rebelle au travail,