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Un Vaincu.

et ses hauts faits avaient rendue célèbre dans toute l’armée, resta fidèlement auprès du corps de son maître ; Jim, le domestique du capitaine, apercevant de loin Créole arrêtée et sans cavalier, devina un malheur et accourut. Ses efforts pour rappeler le blessé à la vie n’ayant aucun succès, le pauvre homme crut que son maître allait expirer.

Cependant la ville de Mexico venait de faire sa soumission, et l’armée se hâtait pour en prendre possession ; les compagnies défilaient les unes après les autres devant l’endroit où le capitaine Lee était tombé, et chacun, voyant le beau cheval blanc si connu, arrêté près d’un corps et Jim pleurant à côté, apprenait quelle perte l’armée venait de faire et la déplorait tout haut.

« Pauvre Lee, disaient les uns, il faut avouer qu’il ne se ménageait guère ! »

« Périr ainsi au dernier coup de canon ! quand on tient la paix ! disaient les autres ; il n’a pas eu de chance ! » Et l’on passait.

Sur ces entrefaites, le blessé avait repris ses esprits, mais la force de faire le moindre mouve-