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Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/72

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Un Vaincu.

Au Nord, le colon venu d’Europe retrouve le climat et les productions de son pays, il peut les cultiver lui-même, qu’irait-il faire au Sud, dans ces immenses plantations de cannes à sucre qui s’étendent à perte de vue, sous un ciel embrasé, ou parmi ces rizières dont le sol marécageux exhale des fièvres meurtrières pour les blancs ? Aussi la population augmentait rapidement au Nord, les États colonisés colonisaient à leur tour, et les nouveaux territoires, dès qu’ils étaient parvenus au chiffre de soixante mille âmes de population, s’érigeaient en États et envoyaient au Congrès des députés qui venaient augmenter la force du parti nordiste.

Il n’en était pas de même dans les États du Sud. Non-seulement leur climat et la nature de leurs produits n’attiraient pas les Européens ; mais une institution justement nommée l’institution maudite, éloignait d’eux le travail des hommes libres.

L’esclavage, source honteuse d’une antique prospérité, legs fatal que l’Angleterre, depuis repentante, avait fait à ses colonies, était admis