Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

87
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

d’ami est près de toi, sait ce qui t’arrive, peut te secourir ou nous appeler au secours. Laisse-toi faire, je t’en prie… »

Je me suis si bien laissé faire, chère maman, que me revoilà avec des chaussettes neuves aux pieds, un mouchoir propre en poche, de délicieux gants tricotés, et même avec un supplément de fonds, délicate attention de l’oncle Adolphe. Me voilà surtout avec un ami, car ce brave homme, dont vous parliez souvent du reste, vous aime de tout son cœur, et prend très au sérieux la tâche qu’on lui a donnée, de veiller sur moi. Il est reparti pour suivre son fils, mais il s’inquiétera de moi toutes les fois que mon régiment aura été engagé. Vous voyez comme j’avais tort de soupirer, chère maman, et que cet unique accès de mélancolie était encore de trop. Maintenant que je sais ce vieux Joseph n’importe où, mais se souciant de moi, tout sentiment d’isolement a disparu et puis je suis heureux de ce que vous allez être plus tranquille sur mon compte.

Voici un officier qui arrive avec les nouvelles de la reconnaissance du général Abdelal. Il paraîtrait que l’ennemi est en forces entre nous et Orléans ; on l’a tâté à trois places, dit l’ordonnance, et partout ça a sonné plein…