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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/114

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

sité de leur angoisse de ce que valent encore les trésors laissés.

Ainsi de nous en ce moment, ainsi de moi. Je trouvais tout perdu, même l’honneur, et voilà que les troubles de la rue sont venus, l’émeute a eu Paris dans sa main, on a pu croire un instant que la plus folle des populaces nous ravirait jusqu’au douloureux privilége de tomber en soldats devant d’autres soldats. Maintenant que l’ordre est rétabli, que Bismarck n’aura pas la joie de prendre Paris par la guerre civile, on se dit que tout n’est pas perdu, qu’une portion d’honneur reste à sauver, et que nous la sauverons.

Mais comment flétrir assez les chefs de tels mouvements ! Si jamais trahison fut odieuse, c’est la leur. Devant l’ennemi, dans une ville assiégée, détourner de la défense les bras et les cœurs ! On mesure devant de telles aberrations ce que l’esprit humain peut contenir de folie. Grâce à Dieu, la population a eu le sentiment juste du devoir, et ce sentiment l’a sauvée ; — mais nous avons vu de près l’abîme.