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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

les soldats forçaient les caves et les armoires, les officiers jouaient du piano dans le salon. Au point de vue de sa maison, il est fâcheux qu’il n’y soit pas resté. Un officier qu’il nous a fallu faire déjeuner ce matin nous disait :

« Beau château, très-beau, bien eu raison d’y rester ; pillons tout là où les maîtres ne sont pas. »

On prétend qu’une colonne prussienne a été attaquée au nord de Nogent par des francs-tireurs appuyés par des marins ; on lui a fait beaucoup de mal. Quatre chariots couverts ont été ramenés très-lentement à Nogent ; c’étaient des blessés. Nous avons envoyé Louis aux nouvelles jusqu’à Brou ; il y a ses enfants, ce qui lui fournira un prétexte s’il est arrêté…

Louis revient. Le fait est vrai, les Prussiens ont beaucoup souffert ; il y avait à Belesme, où a eu lieu l’engagement, un bataillon de mobiles avec les marins. En ce moment, les Prussiens sont huit ou dix mille à Belesme ; c’est trop pour nos pauvres troupes. Rien du côté d’Orléans. Je n’aurais jamais cru qu’on put tant souffrir sans avoir perdu son mari.