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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/175

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

avait pourtant eu raison, car les Allemands entraient à Ouzouer-le-Marché juste quand nous atteignions, avec deux lieues seulement d’avance sur eux, la forêt de Marchenoir.

Je dirai à madame que nous avions une bonne petite espérance par devers nous. Les braves messieurs de l’ambulance étaient, nous avaient-ils dit, détachés du gros de leur troupe que nous devions rencontrer à Oucques, bien installés dans de belles salles et soignant le monde.

Oucques est bien 10 kilomètres en arrière de la forêt de Marchenoir qu’on allait défendre, et si malheur arrivait encore là, il y avait toujours Vendôme plus loin derrière. À Oucques, M. André disait qu’il allait voir son grand ami M. Durand et bien d’autres. Ainsi s’est fait que cette route-là ne nous a pas tant coûté, et que, dès midi, nous étions rendus, ma jument avait son picotin, et M. André était dans le plus propre lit qu’il ait vu depuis Blois, me disait-il.

Ce serait impossible d’imaginer un plus gentil monde que celui de cette ambulance-là. M. André aurait été leur proche parent que ça n’aurait pas été mieux et les autres malades disent que c’est tout pareil pour eux. Aussi je préviens madame, d’accord avec M. André, que je vas le laisser-là quelques jours pour m’en aller voir ce qui arrive à mon garçon, après quoi je m’en reviendrai. Je donne la journée à