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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/260

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

passer à temps. Il faut se hâter et tout mettre en ordre pour se replier en premier sur Beaumont-la-Ronde. Les plus grandes difficultés viennent des approvisionnements ; ce temps affreux, neige fondue et vent, complique singulièrement les choses.

Je suis revenu trouver M. Richard et lui ai conté ce qui était nécessaire pour le décider à pousser plus avant sa retraite dès aujourd’hui. Il est convenu qu’il évitera la direction de l’Ouest, où les embarras de notre marche le rejoindraient, et qu’il descendra plutôt vers Tours avec son varioleux.

C’est alors que je lui dis, non sans une émotion profonde, mon grand adieu. Le camarade reste avec moi, c’est donc déjà deux combattants que le dévouement de ce brave homme amène en ligne à l’heure du besoin. Si nous faisons quelque chose de bon, l’un ou l’autre, à lui en sera l’honneur.

Il est six heures du soir ; je suis à l’hôtel de ville depuis midi attendant toujours qu’on m’assigne ma tâche. Je ne quitterai pas avant d’en avoir une. En attendant, je vous ai écrit un volume presque sans m’interrompre ; qui sait quand je retrouverai du loisir, une table, une chaise et un si délicieux poêle pour me chauffer le dos !

Dépêche de l’amiral : « L’ennemi est à Saint-Calais depuis hier matin et pousse vers le Mans, Hâter la retraite. »