pour demander du service à cinquante ans passés et quand ce service doit l’obliger à quitter maman. Je t’assure qu’ils font pitié à voir tous deux ; on n’ose plus penser à son propre chagrin.
Et toi qui prétendais qu’une guerre en Europe ne pouvait être qu’une plaisanterie. Qu’en dis-tu, maintenant ? Cette plaisanterie-là nous coûte déjà bien des larmes. T’imagines-tu papa et Maurice aux remparts, toi en expédition n’importe où, maman sans nouvelles au milieu des Prussiens, et tout cela compliqué d’inquiétudes sur les anciens camarades de papa, peut-être sur mon oncle et ma tante de Thieulin et tant d’autres parents et amis ? Oh ! si l’on pouvait avoir une bonne paix !
Écris-nous bientôt. Je ne tarderai pas à te donner des nouvelles, car c’est à moi qu’a été solennellement confié le soin de te tenir au courant.
Berthe à André de Vineuil. Les Platanes, 8 septembre.
C’est fini ! et du moins nous n’avons plus à nous débattre contre l’incertitude. Papa a reçu ce matin sa nomination à l’un des bureaux du génie, puis il est décidé que nous restons aux Platanes. Mon père