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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Mes chers tout petits, Robert et Marguerite, papa n’oublie pas votre cantique :

L’ange de l’Éternel se campe avec puissance
Autour de ses enfants ;
Il les garde et soutient, il est leur délivrance
En leurs dangers pressants.

Monsieur de Vineuil à madame de Vineuil.
Paris, 17 septembre 1870.

Toutes les lignes ferrées sont coupées, sauf celle de l’Ouest ; le flot qui a déjà passé sur vous bat nos murs de trois côtés ; bientôt Paris ne sera plus qu’une île de l’océan Prussien. Soyez prudents les uns et les autres, les récits des réfugiés de l’Est font frémir ; ils parlent d’actes de sauvagerie tels qu’on les croyait impossibles de nos jours. T’aurais-je laissée aux Platanes si de semblables craintes m’avaient abordé auparavant ? Je ne le crois pas. Je me souvenais de la guerre telle que nous l’avons faite en Crimée et en Italie ; je ne prévoyais pas que la haine des Prussiens les ramènerait aux mœurs d’un autre âge.

Dis à François, aux domestiques et en général aux