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Lisette.

Non ; un discours très sage a causé sa disgrâce :
C’est pour l’appartement que monsieur de Forlis
Occupe dans l’hôtel quand il est à Paris.
Monsieur, qui sûrement l’attend cette semaine,
Vient d’y mettre un abbé qu’il ne connoît qu’à peine.
Le pauvre Bourguignon a voulu bonnement
Hasarder là-dessus son petit sentiment :
« Monsieur, dit-il, je dois, en valet qui vous aime,
« Avouer que je suis dans une crainte extrême
« Que monsieur de Forlis ne soit scandalisé
« De se voir déloger ainsi d’un air aisé.
« C’est un homme de nom, c’est un vieux militaire,
« Gouverneur d’une place, et que chacun révère.
« Vous lui devez, monsieur, un respect infini,
« Et d’autant plus qu’il est votre ancien ami,
« Et qu’il doit à Paris incessamment se rendre,
« Pour couronner vos feux, et vous faire son gendre. »
À peine a-t-il fini, que son zèle est payé
D’un soufflet des plus forts, et de trois coups de pié.
Révolté de se voir maltraiter de la sorte,
Il veut lui répliquer ; il est mis à la porte.
Moi, je veux, par pitié, parler en sa faveur.
Mais, loin de s’apaiser, monsieur entre en fureur ;
À moi-même il me dit les choses les plus dures.
Mon oreille est peu faite à de telles injures.
J’ai lieu d’être surprise, et j’ai peine à penser
Qu’un homme si poli les ait pu prononcer.

Céliante.

Un tel rapport m’étonne.