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Champagne.

Vous n’êtes pas au bout de votre étonnement :
Sachez qu’on la marie, et même incessamment.

Le Marquis.

Ô ciel ! me dis-tu vrai ?

Champagne.

Ô ciel ! me dis-tu vrai ?Très vrai ; je suis sincère.
Pour conclure, monsieur, on n’attend que son père.

Le Marquis.

Quel coup inattendu ! Mais à qui l’unit-on ?

Champagne.

Au maître de céans, à monsieur le baron.

Le Marquis.

Au baron ?

Champagne.

Au baron ?À lui-même, et la chose est très sûre.

Le Marquis.

Grand dieu ! La singulière et fatale aventure !
Mais elle n’est pas vraie, on vient de t’abuser :
La personne qu’il aime et qu’il doit épouser,
Est brillante d’attraits, mais d’esprit dépourvue ;
C’est ainsi que lui-même il l’a peinte à ma vue :
Et celle que j’adore est accomplie en tout,
À l’extrême beauté joint l’esprit et le goût.

Champagne.

J’ignore quel portrait il a fait de sa belle,
S’il vous l’a peinte sotte, ou bien spirituelle :
Mais je suis bien instruit, et par mes propres yeux,
Que celle qu’il épouse, et qui loge en ces lieux,
Est justement la même, à qui votre émissaire