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Le Marquis.

Qu’avez-vous ? Je n’ai rien.

Le Baron.

Qu’avez-vous ? Je n’ai rien.Votre ton et votre air
M’assurent le contraire, et vous m’êtes trop cher
Pour vous laisser garder un si cruel silence :
Manqueriez-vous pour moi déjà de confiance ?
Ouvrez-moi votre cœur, parlez donc.

Le Marquis.

Ouvrez-moi votre cœur, parlez donc.Je ne puis.

Le Baron.

Mais songez que tantôt vous me l’avez promis.
Qu’avez vous découvert ? Que venez-vous d’apprendre ?

Le Marquis.

Plus que je ne voulois.

Le Baron.

Plus que je ne voulois.Je ne puis vous comprendre,
Et j’exige de vous que vous vous expliquiez :
Me tiendrez-vous rigueur après tant d’amitiés ?

Le Marquis.

Je dois plutôt cacher le trouble qui m’agite.
Dans l’état où je suis, souffrez que je vous quitte.

Le Baron.

Non : arrêtez, marquis, vous prétendez en vain
Que je vous abandonne à votre noir chagrin ;
Vous ne sortirez pas, quoi que vous puissiez faire,
Que je n’aie arraché de vous l’aveu sincère
Du sujet qui vous trouble, et qui vous porte à fuir.

Le Marquis.

Dispensez-moi, baron, de vous le découvrir ;