Vous avez pour cet homme une amitié bien tendre ;
Et, portant à son cœur le coup le plus mortel,
Par un aveu choquant autant qu’il est cruel,
Vous voulez faire entendre à sa flamme jalouse,
Que vous êtes aimé de celle qu’il épouse !
Si quelqu’un s’avisoit de m’en faire un égal,
Par moi son compliment seroit reçu fort mal.
Ces mots ferment ma bouche, et changent ma pensée ;
Mon ardeur, puisqu’enfin elle s’y voit forcée,
Va suivre le parti que vous lui proposez :
Mais souvenez-vous bien que vous l’y réduisez,
Que vous êtes, monsieur, garant de ma conduite,
Que vous deviendrez seul coupable de la suite ;
Et que, si trop avant je me laisse entraîner,
C’est vous, et non pas moi, qu’il faudra condamner.
Quoi qu’il puisse arriver, je prends sur moi la chose ;
Sur ma parole, osez.
Je vous crois donc, et j’ose.
Avant que vous sortiez, je serois curieux
Que vous vissiez l’objet… Mais il s’offre à nos yeux.