Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/144

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Vous avez pour cet homme une amitié bien tendre ;
Et, portant à son cœur le coup le plus mortel,
Par un aveu choquant autant qu’il est cruel,
Vous voulez faire entendre à sa flamme jalouse,
Que vous êtes aimé de celle qu’il épouse !
Si quelqu’un s’avisoit de m’en faire un égal,
Par moi son compliment seroit reçu fort mal.

Le Marquis.

Ces mots ferment ma bouche, et changent ma pensée ;
Mon ardeur, puisqu’enfin elle s’y voit forcée,
Va suivre le parti que vous lui proposez :
Mais souvenez-vous bien que vous l’y réduisez,
Que vous êtes, monsieur, garant de ma conduite,
Que vous deviendrez seul coupable de la suite ;
Et que, si trop avant je me laisse entraîner,
C’est vous, et non pas moi, qu’il faudra condamner.

Le Baron.

Quoi qu’il puisse arriver, je prends sur moi la chose ;
Sur ma parole, osez.

Le Marquis.

Sur ma parole, osez.Je vous crois donc, et j’ose.

Le Baron.

Avant que vous sortiez, je serois curieux
Que vous vissiez l’objet… Mais il s’offre à nos yeux.