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M. de Forlis.

Oui : mais permettez…Non : je te connois trop bien.
Ne crois pas m’échapper.

Le Baron.

Ne crois pas m’échapper.Un seul instant.

M. de Forlis.

Ne crois pas m’échapper.Un seul instant.Non, rien.
Je ne te ferois pas grâce d’une seconde.
Si tu prends une fois ton essor dans le monde,
Crac, te voilà parti jusqu’à demain matin.

Le Baron.

Puisque vous le voulez, et qu’il le faut enfin,
Je dînerai chez moi.

M. de Forlis.

Je dînerai chez moi.Effort rare et sublime !
Sacrifice étonnant ! grande preuve d’estime !

Le Baron.

Nous mangerons ensemble un poulet sans façon,
Et je vais vous donner un dîner d’ami.

M. de Forlis.

Et je vais vous donner un dîner d’ami.Non.
Je crains ces dîners-là. J’aime la bonne chère,
Et traite-moi plutôt en personne étrangère :
Tu n’auras qu’à donner tes ordres pour cela,
Et l’appétit chez moi se fait sentir déjà.
Le chemin que j’ai fait est très considérable,
Et me fait aspirer au moment d’être à table.
En attendant, passons dans mon appartement ;
Nous parlerons ensemble.