Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/87

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Le Marquis.

Un joli homme se donne des airs… (redoublez d’attention, je vous prie, car ceci est profond), un joli homme se donne des airs par complaisance pour lui-même, pour apprendre aux autres le cas qu’il fait de sa propre personne, pour les avertir qu’il a du mérite, qu’il en est tout pénétré, qu’on y fasse attention… Est-il à la promenade ?… (Il se promène en traversant le théâtre ; le lord Houzey passe de l’autre côté en l’imitant.) Il marche fièrement, la tête haute, les deux mains dans la ceinture, comme pour dire à ceux qui sont autour de lui : « Rangez-vous, messieurs. Regardez-moi passer. N’ai-je pas bon air ? Ne suis-je pas fait au tour ?… Et vous, mesdames les friponnes, qui me parcourez des yeux en souriant, vous voudriez me posséder, vous voudriez me posséder !… » Voit-il passer quelqu’un de sa connoissance ? il affecte une politesse de seigneur ; il lui fait une inclination de tête, comme s’il lui disoit : « Allez ; bonjour, monsieur. Je me souviens de vous : je vous protège. » Entre-t-il quelque part ? il se précipite dans un fauteuil, une jambe sur l’autre, tape du pied, marmotte un petit air, joue d’une main avec son jabot, et se caresse le menton de l’autre ; il s’en conte à lui-même, et semble se parler ainsi :