À la plus dure des prisons ?
Et toi, premier objet du courroux qui m’anime,
Toi qui fus l’instrument d’un supplice inoüi,
Comment à ce monarque as-tu donc obéi ?
Comment, auprès de moi, justifier ton crime ?
Malheureux ! Tu devois du moins
À mes regards dévoiler ma naissance,
Je n’aurois pas trahi ta confidence ;
Je n’avois, dans mes fers, que tes yeux pour témoins,
J’en aurois moins gémi, flatté par l’espérance ;
Et mon cœur, dans ce jour, eût reconnu tes soins.
Seigneur, j’avois juré de garder le silence ;
On m’auroit vû souffrir la mort avec constance,
Plutôt que de le rompre.
Pour avoir trop gardé ce silence funeste :
Ministre affreux que je déteste,
Je veux, par ma vengeance, effrayer ces états.
Seigneur, que votre ame réprime…
Tu m’oses répliquer, perfide, tu mourras ;
Tu seras, dans ce jour, la première victime
Et le premier tyran qu’immolera mon bras.