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À MM. LES MEMBRES DE L’INSTITUT DE FRANCE


C’est dans les Ouvrages d’un grand nombre de vos Prédécesseurs, et surtout de vos Membres, que j’ai puisé la plupart des mots, des acceptions, des définitions et des Pensées dont ce Dictionnaire est enrichi. Votre Commission du Dictionnaire a cru pouvoir mettre cet Ouvrage au rang des livres qu’elle consultait ; je remplis donc un devoir lorsque je vous en offre l’hommage, et ce sera pour moi la plus douce récompense, si vous croyez devoir accueillir encore cette nouvelle Édition du Dictionnaire universel.

BOISTE.
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PRÉFACE DE LA NEUVIÈME ÉDITION.

Les grands travaux d’érudition et de philologie approchent quelquefois du degré de perfection que l’auteur avait d’abord rêvé pour eux ; mais auparavant, ils ont passé par plusieurs transformations successives, et chacune de ces transformations a été constatée par une édition réellement nouvelle. Cela était vrai, du moins, à l’époque où la troisième édition d’un livre ne s’imprimait pas en même temps que la première, époque de conscience et de probité littéraire, à laquelle appartenait le laborieux auteur du Dictionnaire universel, à laquelle se font gloire d’appartenir encore les hommes qui continuent l’œuvre de Boiste.

Un travail s’accomplit alors sous les yeux du public, travail analogue à celui qui, pour des œuvres de moins longue haleine, se fait seulement dans le cabinet de l’auteur. Une esquisse peu correcte est d’abord tracée à la hâte, comme pour remplir le cadre prescrit, et s’assurer de ses proportions : ce n’est encore qu’un embryon, mais un embryon dans lequel se montrent distinctement toutes les parties vitales de l’être parfait. Voilà le premier essai d’un livre, sa phase de création : telles sont les premières éditions d’un grand ouvrage.

Puis, on aperçoit une certaine pénurie de détails dans un trop vaste ensemble ; on découvre la fragilité des matériaux qui occupent l’espace sans le remplir convenablement. Alors, dans cet espace donné, on rassemble toutes les richesses qu’il est possible d’y faire entrer ; on prend de toutes mains et sans choix, dans ses souvenirs, ou quelquefois dans ses livres : c’est une phase d’agrandissement, de développement, mais aussi une période de confusion.

Enfin, l’œuvre étant complète, et même surabondante, l’œuvre ne péchant plus par pauvreté, mais par luxe, des vices d’une espèce nouvelle frappent les yeux. La profusion, l’incohérence, les contradictions même ressortent de toutes parts. Certaines parties débordent le cadre ou la surface : le fini de plusieurs détails fait ressortir la grossièreté de quelques autres. Il faut alors élaguer, polir, ramener au plan primitif, repousser ses adoptions, sacrifier ses conquêtes.

C’est la période de correction, de perfectionnement : ce sont les dernières éditions ; ce sont les seules bonnes.

Le Dictionnaire de Boiste s’est ainsi modifié. Avant la huitième édition, cet ouvrage en était venu, à force d’ad-