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de celui à la mémoire duquel il sera consacré, et l’on évitera dans ce genre de composition des inconvenances qui, loin d’ouvrir l’âme à la tristesse, pourrait au contraire éveiller la raillerie.

Vous pouvez, près d’un monument gothique, élever un tombeau dans le même genre d’architecture, à la mémoire d’un ancien personnage remarquable étant né, ou au moins ayant habité le même lieu. Le monument d’Heloïse et Abélard (fig. 1, pl. 10), vous en offre un modèle qui jouit de quelque célébrité.

Si vous voulez honorer la mémoire d’un militaire dont le nom s’est inscrit dans les fastes de la gloire, vous pourrez, déployer dans la construction de son tombeau tout le luxe des marbres et des sculptures. C’est ainsi qu’une famille éplorée a payé au maréchal Suchet une bien petite partie des dettes que la patrie avait contractées avec lui (pl. 110, fig. 2).

Le planche 111 vous offre plusieurs modèles de ces monumens, parmi lesquels vous remarquerez, figure 2, celui du célèbre Monge, et, figure 5, celui du comte Ribes.

Le tombeau d’un homme moins célèbre, mais qui n’en a pas moins rendu des services à ses concitoyens, pourra de même former monument, mais d’une architecture moins ambitieuse. Celui du docteur Chaussier (pl. 112, fig. 3), en est un modèle fort remarquable.

La pierre tumulaire est le plus simple des monumens, c’est aussi celle qui parle le plus à l’âme, et son effet peut être aussi pittoresque que celui d’un grand monument, si elle est placée dans une localité préparée avec art. La planche 113 en offre plusieurs jolis modèles.

Les inscriptions sont la grande difficulté des tombeaux, car elles peuvent entacher un monument d’un ridicule qui, prêtant à rire, détruit tout le charme mélancolique d’une composition. J’ai dessiné, au cimetière du Père-Lachaise, tous les tombeaux que je donne dans cet ouvrage ; certes, si j’avais voulu donner aussi des modèles d’épitaphes, j’en aurais trouvé là de fort touchantes, mais en bien plus petit nombre que de ridicules. Il est peu de marchands de bois, de fabricans de bas, etc., qui ne soient tentés de faire un prospectus d’une épitaphe, et quelques-uns out succombé à la tentation en annonçant le genre de leur commerce et donnant leur adresse.

Il faut que votre inscription soit courte, simple, touchante, sans affectation et sans ambition. Parmi celles que j’ai remarquée, deux m’ont touché. Les voici : sur la tombe d’une petite fille, on lit « Pauvre enfant !! » Sur celle d’une jeune épouse, le mari a fait graver : « Attends-moi… demain peut-être ! ».