Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/108

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Considérez, cher Sifroy, que la fortune n’a pas de moyen plus extraordinaire pour faire sentir ses félicités que leur peu de durée. Sa constance, ne pouvant être assurée, doit être suspecte.

« Ne m’estimez pas ignorante à ce point des retours de la prospérité. Je les redoute, et je sais d’ailleurs que des ruisseaux de sang ennemi ne valent pas une goutte du sang de mon cher époux. Cette seule pensée me fait espérer que vous saurez modérer votre courage, qui est le plus redoutable de vos ennemis, de peur d’exposer aussi votre Geneviève à la mort. Si vous avez résolu de chercher les occasions de mourir, et si vous oubliez ma douleur, songez au moins à l’enfant dont je vais être bientôt mère. »

La douleur avait commencé cette lettre et la douleur la finit. Notre palatin était au siège d’Avignon[1] quand il la reçut. Vous dire le trouble que les dernières paroles jetèrent dans son âme, je ne l’essayerai pas.


XI

Golo médite ses méchancetés.

Golo, à qui Sifroy avait donné plus d’autorité que Joseph n’en reçut de Pharaon, avait d’abord

  1. Note 17 : Les Arabes avaient occupé l’ancien territoire que les Wisigoths avaient conquis dans le midi des Gaules, et qui s’étendait des Pyrénées au Rhône.