Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/115

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son innocence, prendre le ciel et la terre à témoin du respect qu’il avait pour la femme de son maître, il fallut qu’il se laissât conduire dans la prison que Golo lui avait fait préparer. Ce fut une chose bien triste que de voir le traître, après avoir fait enfermer le pourvoyeur, se rendre dans la chambre de Geneviève et lui dire que Raymond avait avoué sa part de leur crime commun. La sainte femme eut besoin de toute sa vertu en cette rencontre ; encore sa patience eut-elle quelques moments d’oubli : elle se plaignit. Mais Golo avait séduit ou convaincu tous les gens de la maison ; et personne ne l’écouta, personne ne fut ému de sa misère. Golo, l’ayant bien atterrée, la fit prendre et conduire en une tour voisine de celle où était renfermé Raymond. De là elle entendait ses cris.

Tant de peines pouvaient la faire mourir en l’état où elle se trouvait ; mais Dieu prit un soin particulier de la mère et de l’enfant qui allait naître.

Pauvre Geneviève, de quelles angoisses ses jours et ses nuits ne furent-ils pas remplis en cette prison cruelle ! Elle priait, elle pleurait, elle gémissait.

« Hélas ! mon Dieu, disait-elle, est-il possible que vous permettiez les maux que je souffre, vous qui avez une parfaite connaissance de mon innocence ? Que vous ai-je fait pour que vous me