Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/119

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Deux mois environ après la naissance de Bénoni, il appela un des serviteurs qu’il avait trompés, et le chargea, après lui avoir donné ses instructions, de porter au comte palatin une lettre ainsi conçue :

« Mon noble seigneur, si je ne craignais de publier une infamie que je veux cacher, je confierais un grand secret à ce papier. Mais tous vos domestiques, et particulièrement celui-ci, ayant vu le zèle dont j’ai usé et les artifices qui ont trompé ma prudence, je n’ai besoin que de leur témoignage pour mettre ma fidélité en lumière et mon service en estime. Croyez tout ce que vous dira Herman le jardinier, et mandez-moi votre volonté pour que j’y obéisse. »

Nous avons dit que le comte était au siége d’Avignon quand il reçut les premières nouvelles de sa femme. Jamais on ne vit étonnement pareil à celui que montra le palatin en lisant la lettre de Golo et en entendant le discours du messager. Il ne méditait que de hautes et cruelles vengeances. De la stupéfaction il tombait dans la colère, de la colère dans la fureur, de la fureur dans la rage.

« Ah ! maudite femme ! fallait-il si malheureusement attrister la joie de mes triomphes, si honteusement souiller la gloire que j’ai tâché d’acquérir pour toi ? Devais-tu employer tant d’artifices pour couvrir ta perfidie, et devais-tu feindre une âme si pieuse lorsqu’elle était si criminelle ? Eh