Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/139

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Pour témoigner que sa vertu ne lui était pas inconnue et que son innocence était bien proche de celle que le premier homme possédait dans le paradis, Dieu lui soumit entièrement les bêtes féroces et les oiseaux, qui lui obéirent avec joie.


XXVI

Les bêtes fauves sont soumises à Geneviève.

C’était une chose ordinaire, dès son entrée dans la forêt, qu’une biche vînt allaiter l’enfant et se coucher toutes les nuits dans la caverne avec la mère et le fils, afin de réchauffer leurs membres glacés ; mais, depuis cette dernière faveur, les renards, les lièvres, les louveteaux venaient jouer avec le petit Bénoni ; la caverne de Geneviève était un lieu où les sangliers n’avaient pas de méchanceté et où les cerfs n’avaient pas de crainte : au contraire, on eût dit que notre sainte comtesse avait changé leur nature par la compassion qu’elle inspirait et qu’elle avait donné quelque sentiment de raison aux bêtes pour comprendre ses malheurs.

Un jour qu’elle habillait son fils d’un vieux haillon fait de feuillage, un loup l’aperçut : il partit aussitôt et alla égorger une brebis dont il apporta la peau à Geneviève, comme s’il eût eu assez de