Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/167

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merveillaient de ce qu’il était si grand : car on eût dit qu’il avait déjà un an. Du temps qu’on le portait à l’église et qu’on le ramenait au logis, il ne cessa de pleurer et de gémir. Incontinent les dents lui vinrent, et il s’en servit pour mordre les nourrices qui l’allaitaient, tellement que nulle femme ne le pouvait plus allaiter ; et force fut qu’on lui donnât à boire dans un cornet qu’on lui mettait en la bouche. Avant qu’il eût un an, il parlait aussi bien que parlent les autres enfants à cinq. Plus il croissait, plus il prenait plaisir à mal faire ; car, depuis qu’il pouvait aller tout seul, il n’était ni homme ni femme qui le pussent tenir ; et, quand il trouvait les autres petits enfants, il les battait, leur jetait des pierres et les frappait de gros bâtons. En quelque lieu que ce fût ; il ne cessait de mal faire. Il commença bien jeune à mener une mauvaise vie ; il rompait les bras à l’un et les jambes à l’autre.

Les barons qui le voyaient disaient que c’était jeunesse et prenaient plaisir à ce que faisait l’enfant. Plus tard ils s’en repentirent.


V.
Comment tous les enfants, d’un commun accord, le nommèrent Robert le Diable.

Bientôt après l’enfant grandit, non en bon cœur,