ce bois, Robert et ses compagnons faisaient des maux innombrables et sans honte aucune. Ils coupaient la gorge des voyageurs et détruisaient les marchands ; nul n’osait aller dans les champs à cause de la crainte qu’on avait d’eux ; chacun tremblait de peur ; tout le pays était pillé par Robert et ses compagnons ; nul n’osait sortir de son logis : car aussitôt on était pris et enlevé par eux, et les pauvres pèlerins qui passaient par le pays étaient saisis et mis à mort.
Tout le peuple les craignait donc et les redoutait, comme les brebis craignent les loups ; car, à la vérité, ils étaient tous des loups, ravissant et dévorant ce qu’ils pouvaient rencontrer. Robert le Diable mena en ce lieu une très-mauvaise vie avec ses compagnons ; à toute heure il voulait manger et gourmander, et jamais il ne jeûna, que ce fût grande vigile, carême ou quatre-temps. Tous les jours il mangeait de la chair, le vendredi comme le dimanche. Mais après que lui et tous ses gens eurent commis une foule de crimes, il eut lui-même à souffrir beaucoup, comme vous verrez ci-après.