Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/180

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personne n’osait approcher de lui pour le prendre, et il n’avait point de page pour le servir. Il laissa le cheval à la porte du château, et s’en alla à la salle où était sa mère ; et, quand elle vit son fils, duquel elle savait la cruauté, elle fut tout épouvantée et voulait s’enfuir. Alors lui, qui avait vu que les gens s’étaient enfuis devant lui et qui en avait grande douleur, s’écria : « Madame, n’ayez pas peur de moi et ne bougez jusqu’à ce que je vous aie parlé. » Il s’approcha d’elle et lui parla en cette manière : « Madame, je vous supplie qu’il vous plaise de me dire d’où vient que je suis si terrible et si cruel ; car il faut que cela procède de vous ou de mon père : ainsi je vous prie de me dire la vérité. »

La duchesse fut étonnée d’ouïr ainsi parler Robert, et, reconnaissant son fils, se jeta à ses pieds et lui dit en pleurant : « Mon fils, je veux que vous me coupiez la tête. » Car elle savait bien que c’était par elle que Robert était si méchant, à cause des paroles qu’elle avait dites autrefois.

Robert lui répondit : « Hélas ! madame, pourquoi vous ferais-je mourir, moi qui ai tant fait de maux ? Je serais pire que jamais, et je ne ferai cela pour rien au monde. »

Alors la duchesse lui raconta comment elle l’avait donné au diable ; elle se croyait la plus malheureuse femme qui fut jamais, et peu s’en fallait