Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/183

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que j’ai de douleur ! Que ferai-je ? mon fils Robert n’a pas tort s’il n’accuse que moi ; car il me hait ; et je me veux du mal, moi qui suis cause de tant de maux qu’il a faits. »

Tandis que la duchesse se désolait ainsi, le duc arriva, et, quand il fut auprès d’elle, elle lui répéta tristement ce que Robert avait dit ; le duc lui demanda si son fils se repentait du mal qu’il avait fait. « Ce que Robert veut entreprendre ne saurait jamais réparer les grands dommages qu’il a faits par le pays ; et toutefois je prie Dieu de le vouloir conduire de telle façon qu’il arrive à bonne fin : car je ne crois pas que jamais il puisse revenir, s’il ne se met en chemin pour aller à Rome, et il mourra si Dieu n’a pitié de lui. »

Lorsque Robert fut parti d’Arques, il chemina si longtemps qu’il arriva dans le bois où il avait laissé ses compagnons, qui étaient à table et dînaient. Quand ils virent Robert, ils se levèrent tous pour lui faire honneur ; mais Robert commença à leur remontrer leur vie perverse et mauvaise, en les voulant corriger, et il leur dit : « Pour l’honneur de Dieu, compagnons, entendez bien ce que je veux vous dire : vous savez et connaissez la détestable vie que nous avons menée le temps passé, très-dangereuse pour nos corps et nos âmes ; vous savez combien d’églises nous avons détruites et ruinées, combien de marchands nous avons volés et tués. On aurait