Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/191

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cruauté ; après cela, comment il s’en était allé par le pays, détruisant les églises, enlevant les femmes mariées et les jeunes filles ; comment il avait tué sept ermites ; et, pour abréger, il conta toute sa vie à l’ermite, depuis le jour où il prit naissance jusqu’à l’heure de sa confession. L’ermite en fut saisi ; néanmoins il était joyeux de la grande contrition que Robert sentait en lui à cause de ses péchés. Et quand ils eurent longtemps parlé ensemble, l’ermite dit à Robert : « Mon fils, demeurez aujourd’hui ici avec moi, et demain matin, au plaisir de Dieu, je vous conseillerai ce que vous avez à faire. »

Robert, qui avait été le plus terrible homme qui fut jamais, plus fier et plus orgueilleux qu’un lion, était alors bien doux et bien débonnaire ; il avait aussi bonne contenance que jamais eut prince de la terre. Il était si las et si abattu de la peine et de la fatigue qu’il avait endurées qu’il ne pouvait ni boire ni manger. Il se mit à genoux pour faire son oraison et commença à prier Dieu dévotement pour que, par sa grande miséricorde, il le voulût garder de l’ennemi de l’enfer et pour qu’il lui plût de lui donner la victoire sur le diable. Quand il fut nuit, l’ermite fit coucher Robert en une petite chapelle près de l’ermitage, et ne cessa toute la nuit de prier Dieu pour lui, à cause de sa grande repentance. Et l’ermite fut si long en son oraison qu’il s’endormit.