trouva une porte qui donnait sur un beau verger, où il y avait une fontaine. Robert, qui avait très-grande soif, y but tant qu’il fut rassasié.
Quand la nuit s’approcha, Robert se tint auprès d’un chien, et il le suivait, quelque part qu’il allât. Le chien, qui avait coutume de coucher sous un degré, y retourna coucher. Robert, qui ne savait où il devait reposer, s’en fut coucher auprès du chien pour dormir cette nuit. L’empereur, qui regardait tout, eut pitié de Robert et commanda de lui apporter un lit et qu’il fût couché bien droit. Alors deux serviteurs apportèrent un lit ; mais Robert ne voulut pas que le lit demeurât ; il fit signe qu’on le remportât, aimant mieux coucher sur la terre que sur le lit qui était mou. Et il fit signe à ceux qui étaient là de s’en retourner. L’empereur s’en étonna grandement, et derechef commanda qu’on apportât du foin à grande foison pour mettre sous Robert qui, étant las et rompu, se coucha pour dormir et se reposer.
Pensez et considérez quelle vertu de patience il y avait en Robert : car celui qui auparavant avait accoutumé de coucher en un lit mol, bien encourtiné de belles toiles fines, dans une chambre bien parée et tapissée, de boire d’excellents vins et des breuvages délicats, mangeant viande exquise, comme il appartenait à sa condition, était si changé de manières qu’il lui fallait boire et manger, se coucher