Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

semblable à celle de nos rois. Particulièrement au seizième siècle, et en dépit des grands progrès accomplis par la monarchie espagnole, on regardait le roi de France comme le roi par excellence. C’était Charles VII, qui avait reconquis son royaume aidé d’un ange ; c’était Louis XI, qui avait si opiniâtrement défendu son autorité royale et qui avait vu périr Charles le Téméraire ; c’était encore Charles VIII, le conquérant de Naples ; c’était surtout le roi chevaleresque, le roi des fêtes, l’ami des draps riches, des pierreries, des ciselures, des tableaux, des statues, des châteaux élégants et des grands parcs, le pompeux François Ier, ce magnifique et voluptueux seigneur, dont les gens d’alors ne voyaient que les qualités, et auquel ils pardonnaient ses défauts en pitié de ses infortunes.

Il n’y a pas dans toute la Bibliothèque bleue une œuvre plus française. Le sentiment national y éclate à chaque page. Voilà le héros qui, en luttant corps à corps, renversa sur le sol le gros Henri VIII, dans les jours de fête du Camp du drap d’or ; voilà celui qui fit plus d’une fois peur à Charles-Quint et qui, en dépit de ses défaites, ne cessa de lui résister.

On ignore le nom de l’écrivain qui a rédigé cette gracieuse et spirituelle légende. Ce Jean de Paris est un personnage bien aimable, en qui se confondent Philippe le Hardi, Jean, le père de Charles V, et François Ier. C’est le portrait du roi de France tel que la France aimait que fût son roi. Nous n’avons pas eu beaucoup de retouches à y faire.



JEAN