Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/26

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le souvenir d’un roi qui fut un chasseur sans pareil et d’un grand saint qui a fait quelques actions mémorables ; il n’y a pas en France d’ancien roi et de saint plus populaires. Le bon roi Dagobert est l’ami des petits enfants, et le grand saint Éloi voit briller son image sur l’enseigne de tôle de tous les maréchaux ferrants des campagnes.

Lorsque le cor de chasse, au fond des bois, entonne l’air joyeux de la chanson, l’imagination se met bien vite en train. Tous les couplets défilent, l’un après l’autre, comme une procession de mascarade. On croit voir le bon roi Dagobert et le grand saint Éloi qui se promènent familièrement ; on sourit à l’aspect de la culotte du monarque ; on aperçoit bientôt son bel habit vert percé au coude, ses bas qui laissent voir les mollets, sa barbe mal faite, sa perruque ébouriffée, son manteau court, son chapeau mis de travers ; on suit le roi lorsqu’il va chasser « dans la plaine d’Anvers » et qu’un lapin lui fait peur ; lorsqu’il demande un grand sabre de bois à la place de son grand sabre de fer ; lorsqu’il envoie au lavoir ses chiens galeux, et en bien d’autres circonstances que la chanson aurait pu laisser de côté. Mais ces images singulières ne sont pas tout à fait d’accord avec la vérité. Ce bon roi Dagobert, si étourdi, si peu soigneux de sa personne, mangeur si avide, buveur si infatigable, chasseur si effarouché, guerrier si timide, si pacifique ami de saint Éloi,