Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/262

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vient de la lune, car il dit des mots qui n’ont ni tête ni queue, ce qui empêche de le prendre pour un homme ordinaire.

— Mais encore que dit-il ?

— Je vais vous l’apprendre. Un jour qu’il chevauchait avec moi par une forte pluie, ses gens prirent certains vêtements qu’ils faisaient porter par des chevaux, pour les préserver en pareil cas. Je lui dis qu’il était bien préparé pour recevoir la pluie ; il me répondit que moi, qui étais roi d’Angleterre, je devrais faire porter à mes gens des maisons pour les protéger contre le mauvais temps ! »

Et tout le monde de rire.

« Écoutez, messieurs, dit le roi de Portugal, il ne faut pas se moquer d’un homme en son absence ; il faut qu’il soit sage au fond pour mener avec lui si belle compagnie, et ce n’est pas, à ce qu’il me semble, sans grand sens et grand entendement qu’il se conduit. »

Les paroles du roi de Portugal firent impression sur les dames et les seigneurs, car il était de bon conseil ; mais le roi anglais reprit :

« Vous n’avez encore rien ouï. Je vous dirai autre chose. Un jour, au passage d’une rivière, plusieurs de mes gens furent noyés dans l’eau, qui coulait très-roide ; et, comme je regardais l’eau tristement, il vint vers moi pour me consoler, et me dit : « Vous qui êtes un puissant roi, vous devriez