Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/333

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IX.
Le Juif errant se précipite du haut d’un rocher.

Voyant avec épouvante que les bêtes féroces le respectaient et qu’elles-mêmes reconnaissaient en lui la proie marquée du Dieu vengeur, il ne compta plus que sur lui-même pour en finir avec les horreurs de sa vie. Il chercha de l’oeil, au travers de la nuit qui était venue et se faisait noire, une pointe escarpée, surplombant du haut du rivage sur les eaux profondes. Il en découvrit une et la gravit. Une fois qu’il se trouva à l’extrémité de ce promontoire élevé, il quitta tous ses vêtements, et, la tête la première, se lança dans le gouffre. Il y avait près de cinq cents pieds de distance entre le point d’où il s’était précipité et celui où il atteignit la mer : il franchit cet espace avec la rapidité d’une flèche, sans perdre aucunement connaissance, la tête libre, et n’éprouvant rien autre chose qu’une sensation de fraîcheur extraordinaire. Les flots s’entr’ouvrirent avec fracas ; l’onde rejaillit en gerbes, et il descendit jusqu’au fond de l’abîme, plus lentement et avec une fraîcheur moins grande. Il ne faisait aucun mouvement, aucun geste pour se sauver ; les lames le prirent sept ou huit fois et le jetèrent contre des écueils et