Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/10

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il faut qu’un pouvoir absolu, illimité et incontrôlable, soit placé quelque part ; mais pour constituer la monarchie ou le gouvernement d’un seul, il n’est pas nécessaire que ce pouvoir soit placé dans le monarque seul. Cette forme de gouvernement serait aussi absurde que de vouloir régner sans se soumettre à aucune loi.

L’univers est gouverné par des lois immuables et incompréhensibles. Les faibles mortels ne cessent d’en admirer la rare et immuable harmonie sans pouvoir en pénétrer les ressorts ; on voit qu’il en résulte un tout combiné sur les différentes relations des choses les unes avec les autres, et que le créateur de tous ces systèmes s’est prescrit une règle dont il ne veut pas s’écarter. En ce mot, je suis convaincu, quelque hasardée que paraisse cette expression, que Dieu est un monarque, non pas arbitraire, mais limité par cette sagesse infinie qui constitue son infini pouvoir. Ainsi donc ; si la monarchie suprême s’est soumise elle-même à des lois, à plus forte raison devons-nous les trouver indispensables dans la monarchie humaine. Les rois doivent être soumis à des règles que la sagesse de l’état qu’ils gouvernent a dû leur prescrire, et qui doivent être consenties par le peuple dont ils ne sont pas les créateurs.