Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/111

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ç’auroit été provoquer de nouvelles tempêtes, auxquelles je n’avois pas le courage de m’expoſer. Je me défendis pourtant : l’état languiſſant où j’étois encore me ſervit d’excuſe ; Murville ne l’admit point. Il ne vouloit, diſoit-il, que le nom de mon époux ; je pouvois le lui accorder ſans apparat, ſans fatigue… Ses raiſons n’étoient pas d’une grande force ; mais M. de Rozane les appuya… Tous deux ſe prévalurent de mon affaiſſement… Ma réſiſtance ne fut ni vive, ni longue. J’adhérai à ce qu’on vouloit.

On arrêta que je ſerois mariée, très-ſimplement, au château ; que j’y reſterois pendant l’abſence du Chevalier, qui prit alors le titre de Baron : que ma mere iroit à Paris diſpoſer ce qui ſeroit néceſſaire pour y paroître convenablement au retour.

Ces arrangements s’exécuterent à la lettre. Je laiſſai aller les choſes ſans y réfléchir davantage, & reçus, les yeux fermés, la chaîne qui me lioit irrévocablement.

Murville partit deux heures après ; ma mere le lendemain : elle fut remplacée par une tante du Baron, fort peu riche, qui, faiſant ſa demeure ordinaire dans un Couvent, craignit moins qu’une autre de s’ennuyer avec moi.


Fin de la premiere Partie.