Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/117

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J’écrivis donc à la Marquiſe pour lui demander cette grace, & mis dans la lettre un billet pour ma ſœur, à peu près conçu en ces termes :

Madame de Murville à Mlle d’Aulnai.

„ J’ai changé de nom, ma chere d’Aulnai, & celui que je porte ſera ſans doute le bonheur de ma vie ; mais je ne fais encore que l’appercevoir ce bonheur. L’abſence de Murville me jette dans un ennui qui m’accable, & retarde les progrès de ma convaleſcence. Venez m’en tirer, mon aimable ſœur ; l’amitié vous appelle, & vous tiendra compte des ſecours que vous m’apporterez. Le plaiſir de vous poſſéder ici, me fera ſouvent oublier que je peux, que je dois y ſouhaiter la préſence d’un autre. „

Mon cœur n’avoit aſſurément pas ſouſcrit à toutes les phraſes relatives au Baron ; mais je m’étois piquée d’un petit héroïſme, par lequel je croyois m’honorer auprès de ma ſœur, même auprès de ma mere, qui liroit ce billet : comme il ſuppoſoit ſon conſentement, je me tins pour aſſurée que s’il parvenoit à Mademoiſelle d’Aulnai, elle ſaiſiroit promptement l’occaſion de quitter ſa retraite. Pluſieurs jours ſe paſſerent ſans que