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lorſqu’on m’annonça Madame de Saintal, que je n’avois pas apperçue au Couvent. Elle eſt donc morte ! m’écriai-je, en liſant ſur ſon viſage ce qu’elle venoit m’apprendre. Oui, répondit-elle, ç’en en fait, Dieu a terminé, & ſans doute couronné ſes ſouffrances. Hélas ! je le ſouhaite, dis-je ; mais je frémis au ſouvenir de… Madame, avez-vous été témoin de ſon dernier ſoupir ? — Non. Obligée de ſortir dès le matin, j’avois recommandé qu’on m’avertît dès qu’elle ne ſeroit plus, afin de pouvoir acquitter la promeſſe qu’elle avoit exigée de mon affection. De quoi s’agit-il ? demandai-je avec inquiétude. — D’un paquet que je me ſuis chargée de vous remettre. — Un paquet !… à moi !… Donnez, donnez, Madame… Savez-vous ce qu’il contient ? — En me le confiant, Mademoiſelle d’Aulnai m’aſſura qu’il renfermoit des choſes dont il vous importoit d’être inſtruite immédiatement après ſa mort. J’ai reſpecté ſon ſecret, le vôtre, & ne me ſuis permis nulle queſtion.

L’impatience m’avoit fait rompre le cachet, avant que la Comteſſe eût ceſſé de parler, & je tâchois de débrouiller, à travers un voile de larmes, le commencement d’une lettre, qui rouvre encore aujourd’hui mille bleſſures dans mon cœur.