Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/178

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malheur, & jamais il ne toucha de ſi près au délire enchanteur du plus ardent amour.

„ Quelles tranſes ! quelles inquiétudes je refleuris le jour où mon ſort alloit ſe décider ! Combien elles augmenterent aux approches de la nuit où je comptois que Murville viendroit m’en inſtruire ! Je la paſſai toute entiere à l’attendre, ouvrant, & fermant ſans ceſſe la fenêtre par où j’avois coutume de l’introduire… Les premiers rayons de la lumiere détruiſirent l’eſpérance que j’avois conſervée juſques-là.

„ Alors, dans une ſituation… trop difficile à rendre, j’écrivis avec le feu que me communiquoient les paſſions diverſes dont j’étois agitée. Dès que les portes furent ouvertes, j’allai chercher la perſonne qui faiſoit mes commiſſions : c’étoit d’elle que Murville avoit obtenu l’empreinte de la clef du jardin où elle travailloit habituellement. Je la fis partir à l’inſtant même, ſans conſidérer qu’à cette heure, perſonne n’étoit levé dans les maiſons particulieres.

„ A peine je l’eus perdue de vue, que je me mis à calculer les minutes, les ſecondes qui devoient s’écouler juſqu’a ſon retour. Je n’oſois quitter l’endroit où j’a-