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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/60

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faciles, quand je me dirai que vous devez en être la récompenſe !…

Rozane étoit trop impatient pour différer de parler à ſon pere : il ſe rendit chez lui le ſoir même, à l’heure du coucher. Comment ! une viſite nocturne ! dit le Marquis en riant : cela ſent bien le myſtere ! Il eſt vrai, répondit le Comte, ce que j’ai à vous communiquer en eſt un ; mais tel qu’il pourroit m’en coûter la vie, s’il ne vous étoit pas agréable… Mon pere, voulez-vous mon bonheur ? — La belle queſtion ! ſans doute que je le veux ; mais peut-être pas de la maniere dont tu l’entends… Voyons, de quoi s’agit-il ? — J’aime. — Cela va ſans dire : eh qui ? — Mademoiſelle de Tournemont. — Ah ! ah ! voilà du nouveau ; je te croyois très-humble ſerviteur de la merveilleuſe Villeprez. Il eſt vrai, dit Rozane, que je lui ai rendu quelques ſoins ; ſa beauté m’avoit ſéduit : ç’a été l’erreur d’un moment ; quelle différence ! j’aime, j’idolâtre : jamais paſſion ne fut plus vive, parce qu’il n’en fut jamais de plus fortement combattue. — A propos de quoi ces grands combats ? moi je te trouvois bien ſot de perdre ton temps auprès d’une bégueule, pendant que tu négligeois une fille charmante, dont la fortune mérite quelque attention. Je ſens que j’avois tort, reprit le